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Anecdotes & Balbutiements
Anecdotes & Balbutiements
16 février 2008

Entre femmes

pour_un_th_C'est une histoire de belles rencontres, de petits bouts de vie qu’on se raconte par hasard, dans un avion, de femme à femme.

J’ai rencontré C. de retour de Madrid, siège 20F. Je n’avais pas pu m’empêcher de remarquer ma voisine, une superbe blonde-rousse cheveux en bataille, au teint pâle parsemé de taches de rousseur, yeux bleus pétillants, sourire parfait ultra bright, élancée. Une sorte de douce indolence émanait d’elle, une sensualité troublante.

A peine installée, son mari chauve, rondelet et plutôt quelconque, placé plusieurs sièges plus loin, lui proposa de la rejoindre. Elle lui répondit qu’elle était très bien là et me glissa sur le ton de la confidence, le sourire malicieux : « il est parfois bon de s’éloigner un peu pour mieux se retrouver. » je sourie, le ton était lancé.

Je lui donnait 35 ans, elle m’en avoua 40, c’était d’ailleurs son anniversaire, c’est pour cela qu’elle se trouvait dans cet avion en direction de Paris, pour passer quelques jours de vacances avant de retourner à Washington city où elle vivait dans une gigantesque maison avec son mari et ses 3 enfants.

Il était tard, j’avais eu une journée difficile, sur un sujet et dans une langue que je maîtrisais peu et j’avais hâte de rentrer chez moi.

Nous sommes restées coincées 4 heures dans l’avion, on a eu le temps de faire le tour de nos vies respectives.

Elle était d’origine mexicaine avec une peau pourtant si blanche. Elle parlait espagnol à ses enfants, leur nounou les surveillait en chinois. Ils allaient dans l’école privée très chère de la région.
Elle était journaliste avant d’arrêter de travailler pour s’occuper de ses enfants. Son travail lui manquait mais elle aimait la vie qu’elle avait choisie même si parfois elle enviait son mari qui s’échappait travailler.
Elle était mariée depuis plus de 16 ans et quand elle parlait de son époux, c’était d’une façon apaisante, sincère. Lucide sur les difficultés de la vie, mais tendre sur les souvenirs, leur mariage, sur la vie de famille, sur le bonheur de s’aimer aussi.

Simplement, elle me racontait son quotidien de mère aisée américaine, sa grosse voiture, la gym et les cafés Starbucks. Ses doutes et ses envies.

Je lui racontais ma vie, mes joies de parisienne, mes interrogations, mes choix de vie : carrière ? enfants ? amours ? le bon ? comment savoir ?

Après quelques bons plans parisiens, je n’ai pas pris son adresse, j’aurais dû et puis non. La magie est parfois dans l’éphémère.

J’ai rencontré M, place 18C en revenant de Grèce. Un voyage particulièrement âpre où la politesse de mes hôtes avait été des plus rare, pas leur bêtise malheureusement… Le couple d’une cinquantaine d’années, assis à côté de moi lisait le canard enchaîné. Unique lecture parmi les journaux environnants plutôt typés Figaro. Une bouffée d’air. On ne peut pas être foncièrement mauvais quand on lit de la volaille.

Fluette, bronzée, brune aux cheveux très lisses, le sourire franc et le regard assuré, elle revenait de 3 semaines de vacances.

Elle était procureur à Sao Paulo, lui musicologue souvent à Paris. Ils n’avaient pas d’enfants, d’abord elle n’en voulait pas, puis ils n’ont pas pu en avoir, trop tard. Une petite lueur de regret dans les yeux. Tout bas, elle ajouta que si je voulais vraiment des enfants, je ne devait pas attendre trop longtemps. C’est trop dur de ne pas en avoir si on en veut vraiment.

Elle fumait trop, elle devait arrêter, elle avait un souffle au cœur, un nénuphar dans les poumons. Il s’inquiètait.

Elle me demanda de manière directe pour qui j’avais voté aux dernières élections présidentielles. La question m’amusa.

Elle voulait que je lui raconte ma vie,

Elle m’a serré dans ses bras en partant. Cette fois-ci j’ai pris son adresse. J’aimerais la revoir.

Je ne sais pas si c’est mon âge, le costume de femme d’affaire ou l’avion, mais ces 2 femmes étaient très curieuses de ma vie. Un peu comme si elles se voyaient en moi, quelques années en arrière avant de choisir un chemin. Là où encore tout est possible mais où on ne sait pas lequel prendre.

Nous aurions pu échanger des banalités, mais nous avons choisi la franchise, d’écailler un peu le vernis pour se raconter franchement nos vies, comme 2 amies qui se connaitraient depuis longtemps. Et c’est cette confiance à cet instant qui rend ces rencontres si belles.

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Commentaires
L
rare et si précieux
L
Confidences pour confidences...
L
:-) C'est sur, c'est ce genre de rencontres qui te fait passer une belle journée.
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