Soie
"C'était au reste un de ces hommes qui aiment assister à leur propre vie, considérant comme déplacé toute ambition de la vivre. On aurait remarqué que ceux là contemplent leur destin à la façon dont la plupart contemplent une journée de pluie."
Au fond du sac toujours un livre corné. De ceux qu'on balade au cas où. Au cas où, bercée d'ennui, on ouvrirait les quelques pages au hasard, pour s'y plonger.
Et c'est donc à bord d'un thalys, d'un corail ou quelconque TER que j'ai ouvert ce petit roman enfoui dans mon cartable, lassée des ordinateurs et conversations professionnelles, et découvert la superbe écriture d'Alessandro Barrico. Ecriture d'abord, mais cette histoire d'un transporteur de vers à soie, parachuté malgré lui dans une vie qui ne devait pas être la sienne, est d'une étrange beauté. Et cette phrase, voyons, qui tombe si bien, là, dans ma vie, où je fonce sous l'eau quand d'autres regardent les nuages de leur fauteuil.
Bref une belle parenthèse de quelques pages, qu'il serait fortement dommage d'ignorer.
A noter l'excellente traduction de Françoise Brun.