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Anecdotes & Balbutiements
Anecdotes & Balbutiements
18 décembre 2007

Quelque part entre ciel et terre, au dessus de l’Egypte.

photos_002J’ai toujours trouvé douloureux, l’attente des vacances. Comme une plaie ouverte dont on attendrait la guérison. Comme si de trop attendre c’était trop souffrir. Depuis je ne projette rien. Je sais simplement où je vais. Je prends des billets d’avion quelques mois à l’avance, j’achète le guide de l’endroit, je réserve le premier hôtel si c’est vraiment nécessaire et c’est tout. Je fais ma valise, la veille ou le matin du départ. Les vacances commencent toujours dans l’avion, le train, la voiture. Là j’ouvre les guides, je lis, je souligne, je marquetapage, je plonge.

Dans l’avion depuis plus de 4h, j’arrive enfin à croire que je suis en vacances. Que dans quelques heures je serais au chaud, sur une île au soleil. Que je sentirai la brûlure du soleil sur ma peau, mes épaules se décontracter et peut-être que j’arriverai à me calmer, à me reposer de moi. Comme il serait bien d’être en congés de moi. De cette personne qui ne sait s’arrêter. Qui cherche toujours plus et surtout à être une autre. Et si je m’aimais mieux ?

 Pour cela il faudrait que j’arrête de me sentir coupable. De quoi ? De tout. De n’être pas mariée et enceinte à mon âge, de ne pas posséder mon appartement. De ne pas être mince, ni assez musclée. De ne pas lire suffisamment la presse pour pouvoir facilement expliquer pourquoi je déteste autant Sarkozy. D’être trop vive et pas assez pondérée. De manquer de répartie et de me faire marcher dessus. De ne pas me faire marcher dessus. D’aimer X. alors que franchement, c’est pas facile. De n’être pas sur de pouvoir l’aimer toute ma vie. De vouloir des enfants mais d’avoir une trouille immense. De vouloir ressembler à ma mère en mieux …. Bon vous trouvez ça fatiguant, moi aussi.

Ma copine K. me disait mercredi soir, que sa mère avait toujours fait ses choix en fonction des autres et sans vraiment savoir ce qu’elle voulait et qu’elle l’avait élevé en la poussant à décider pour elle-même et savoir dire non. J’ai rencontré K. lorsque j’avais 20 ans. Fraîchement sortie de prépa, je découvrais la vie d’élève ingénieur loin de mes parents et les libertés qui vont avec. J’étais perdue. Un poisson dans un océan, un canari sans grosminet, perdue et affolée. Je ne savais ni qui j’étais, ni ce que je voulais, ni où j’allais. Je ne savais pas dire non, je ne voulais plus dire oui. Et j’ai rencontré K., une balise dans la tempête. Elle savait dire non, elle savait ce qu’elle voulait, elle savait qui elle était. Et j’ai appris aussi. J’ai passé 2 ans à sécher les cours et à prendre mon temps. A refaire du sport, à maigrir, à rencontrer des gens, à faire des petits boulots, à apprendre à cuisiner, à lire, à marcher. C’était bien, ça ma donné la force pour entrer dans la vie active, pour choisir mon métier.

Et puis j’ai habité loin de K. et de ceux qui me ressemblaient, je me suis perdue et j’ai oublié comment dire non. Jusqu’à donner un grand coup de pied au fond de la piscine et envoyer tout balader. C’était il y a 3 ans. J’ai tout quitté : Pau, amis, travail, boyfriend. J’ai retrouvé K. et les autres. Et je me suis retrouvée moi, Paris et X.

Bientôt en vacances donc, avec X. chez ma copine V. J’espère réussir à souffler, à me supporter. Parce que lorsque je m’aime plus, j’aime mieux les autres. J’espère savoir dire non, si je ne veux pas et dire oui si j’ai envie.

PS : la photo est prise d'avion, c'est le désert du Soudan, les ronds sont des cultures arrosées en cercles. C'est impressionnant ces ronds dans le désert, au milieu de nulle part ...

 

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Commentaires
B
Tu sais le fait d'être capable d'écrire ces quelques lignes, c'est le début de ton salut! Amen...<br /> Sérieusement, mettre des mots sur ses émotions, ses tensions, ses démons, c'est important. En plus tu as un réel talent, alors continue..
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