Quelque part entre ciel et terre, au dessus de l’Egypte.
J’ai toujours trouvé douloureux, l’attente des
vacances. Comme une plaie ouverte dont on attendrait la guérison. Comme si de
trop attendre c’était trop souffrir. Depuis je ne projette rien. Je sais
simplement où je vais. Je prends des billets d’avion quelques mois à l’avance,
j’achète le guide de l’endroit, je réserve le premier hôtel si c’est vraiment
nécessaire et c’est tout. Je fais ma valise, la veille ou le matin du départ.
Les vacances commencent toujours dans l’avion, le train, la voiture. Là j’ouvre
les guides, je lis, je souligne, je marquetapage, je plonge.
Ma copine K. me disait mercredi soir, que sa mère
avait toujours fait ses choix en fonction des autres et sans vraiment savoir ce
qu’elle voulait et qu’elle l’avait élevé en la poussant à décider pour
elle-même et savoir dire non. J’ai rencontré K. lorsque j’avais 20 ans.
Fraîchement sortie de prépa, je découvrais la vie d’élève ingénieur loin de mes
parents et les libertés qui vont avec. J’étais perdue. Un poisson dans un
océan, un canari sans grosminet, perdue et affolée. Je ne savais ni qui
j’étais, ni ce que je voulais, ni où j’allais. Je ne savais pas dire non, je ne
voulais plus dire oui. Et j’ai rencontré K., une balise dans la tempête. Elle
savait dire non, elle savait ce qu’elle voulait, elle savait qui elle était. Et
j’ai appris aussi. J’ai passé 2 ans à sécher les cours et à prendre mon temps.
A refaire du sport, à maigrir, à rencontrer des gens, à faire des petits
boulots, à apprendre à cuisiner, à lire, à marcher. C’était bien, ça ma donné
la force pour entrer dans la vie active, pour choisir mon métier.
Et puis j’ai habité loin de K. et de ceux qui me
ressemblaient, je me suis perdue et j’ai oublié comment dire non. Jusqu’à donner
un grand coup de pied au fond de la piscine et envoyer tout balader. C’était il
y a 3 ans. J’ai tout quitté : Pau, amis, travail, boyfriend. J’ai retrouvé
K. et les autres. Et je me suis retrouvée moi, Paris et X.
Bientôt en vacances donc, avec X. chez ma copine
V. J’espère réussir à souffler, à me supporter. Parce que lorsque je m’aime
plus, j’aime mieux les autres. J’espère savoir dire non, si je ne veux pas et
dire oui si j’ai envie.
PS : la photo est prise d'avion, c'est le désert du Soudan, les ronds sont des cultures arrosées en cercles. C'est impressionnant ces ronds dans le désert, au milieu de nulle part ...