la glaise aux pieds
Ne trouvez vous pas que y’a des jours où la vie est lourde ? Comme la glaise qui, enfant, me collait aux pieds lors des balades dominicales dans la plaine briarde. Une couche épaisse, maronnasse et gluante qui vous scotche trois pas à peine prononcés, des champs à perte de vue, sous les cris des corbeaux. Si en plus une petite bruine vient vous chatouiller la narine, c’est parfait, nous y sommes. Oui mais où ?
Nulle part.
Juste là coincée, le K way collé à la peau, les 2 pieds enfoncés dans la terre et le nez qui coule.
Il n'y a en général, pas grand-chose à faire. Appeler au secours, attendre que le découragement cesse et que la faim reprenne ou trébucher et tomber. Seulement appeler au secours ne sert parfois à rien, les corbeaux sont sourds. Tomber peut être fatal. Il faut donc attendre d’être un peu plus fort, demain.
J’attends donc. J’attends. J’en ai marre.
Je voudrais courir et j’ai les pieds coincés, je voudrais patienter mais j’ai peur de mourir.
Je porte donc ma glaise aux pieds, mes envies en écharpe, en attendant que ça passe.